Destination souplesse pour un solide Wing Chun

Kenneth Chung est un élève de Leung Sheung, un des deux premiers élèves de Yip Man avec Lok Yiu. C'est un personnage  incontournable dans le milieu du Wing Chun à Hong Kong



Il est invité régulièrement en France par Stéphane Chollet (surya-world.org) pour livrer lors de stages, certaines des principales clés du Wing Chun que Leung Cheung lui a transmises. Ces clés sont expliquées dans un article anglais disponible sur le web (magazine Inside Kung fu de février 1992). Le voici traduit pour ceux qui ne comprennent pas la langue de Shakespeare.


Tel le claquement d'un fouet

 Par Kris Eckert, avec Kenneth Chung

Le Wing Chun, un système martial traditionnel chinois qui verse à la fois dans le domaine de l'interne et celui de l'externe, trouve sa quintessence dans une souplesse ésotérique. Le développement minutieux de cette « force »  souple et énigmatique permet même à la plus petite personne, de force apparemment plus petite, de développer une force pénétrante. Une force rendue encore plus efficace contre un adversaire utilisant une force plus classique, plus dure et plus brute. L'énergie « dure » ou rigide de l'adversaire sert en fait à augmenter l'énergie « passive » du Wing Chun qui est semblable à celle du fouet.

Pourquoi parle-t-on de qualité féminine comme la souplesse, la passivité, la sensibilité pour un système de combat ?  Le mot « ésotérique » utilisé pour qualifier cette souplesse est parfaitement adapté. La souplesse, l'aspect le plus notable du Wing Chun pur et traditionnel n'est pas très bien assimilé par la plupart des pratiquants. Il faut l'expérimenter pour la sentir.

La quintessence : souple et  ferme

La quintessence du Wing Chun depuis sa création a été le développement de cette force souple mais malgré tout pénétrante. Tous les mouvements  sans exception peuvent être effectués efficacement par une petite femme face à un adversaire plus grand et plus fort. Ce type de force douce et féminine ne résulte pas d'un entraînement externe et dur. C'est acquis par un travail précis et répétitif sur la posture du corps. Les positions et les techniques sont toujours pratiquées dans le calme et de manière relâchée. Tant que la méthode pour acquérir ce type de force, reste totalement douce et relâchée, le résultat final obtenu par toute personne travaillant le Wing Chun peut être très destructeur. Demandez à un pratiquant de Wing Chun s’il utilise un "Dit Da Jow" un remède maison contre les hématomes, pour les entrainements. Il vous répondra certainement : « Oui, nous avons du "Dit Da Jow". C'est pour l'adversaire ! ».

Les mains féminines du Wing Chun

La créatrice du Wing Chun, la nonne bouddhiste, Ng Mui, et son élève la plus réputée, Yim Wing Chun, à qui le nom du style fait référence, étaient toutes deux des femmes de petites statures. En enseignant des techniques de courte distance, spécifiques à son style, Ng montra à Yim Wing Chun comment surpasser des adversaires plus grands et plus fort que soi. Les personnes des petites tailles doivent rentrer en combat rapproché afin de devenir efficaces contre des personnes de plus grande taille. Les longs bras d'un grand attaquant deviennent alors un fardeau en corps à corps et contre les attaques du Wing Chun sur la ligne centrale. Yim Wing Chun enseigna ces techniques à son mari. Et lors des générations suivantes, le système resta bien conservé et fût transmis uniquement à une poignée d'élèves très dévoués.

Le Symbole du Wing Chun

Proclamé par ses adeptes comme étant le «grand Maître» du Wing Chun moderne, Yip Man, est crédité comme celui ayant popularisé les subtilités du Wing Chun. Au cours des années, sa méthode d'enseignement, qui a été bien fondé, fut testée d'innombrable fois, et toujours avec succès. Depuis 1949, Yip Man, à lui tout seul, a sorti le Wing Chun d'une relative obscurité pour en faire un système de renommée mondiale et pratiqué par des millions de personnes de par le monde. Avec ses 54 kilos, il était de petite carrure, totalement à l'opposé des artistes martiaux en vogue stéréotypés de nos jours. Mesurant 1m67, frêle et avec de petits biceps, il donnait l'impression, comme beaucoup des meilleurs pratiquants de wing chun d'aujourd'hui, de ne pas pouvoir déchirer un sac en papier. Même si publiquement il a choisi de ne jamais montrer toute sa puissance dans son travail sur le mannequin de bois, ses étudiants se souviennent bien de sa force de pénétration. Même quand il était âgé et en mauvaise santé, ses mains étaient très lourdes, et très présentes. Visualisez mentalement Yip Man car il représente le Wing Chun.

Yip Man a transmis ses connaissances à plusieurs élèves, mais seuls les plus dévoués ont pu faire partie de cercle interne («Yup Suf»). Leung Sheung a reçu ce privilège et il était très respecté pour sa maîtrise du système, ainsi que pour sa insistance sur la maîtrise des bases.

Doa Lo Yut Cheung Hung

Kenneth Chung, un des meilleurs étudiants de Leung Sheung, a hérité de la conviction sur l'importance absolue de construire de correctes fondations. « Vous pouvez passer une vie à pratiquer le Wing Chun, mais si vous ne maîtrisez pas les bases, vous finirez par le regretter. Vous pouvez pratiquer pendant 40 ans, mais sans base, vous n'êtes rien ». C'est ce qui est connu en cantonnais sous : « Don Lo Yut Cheung Hung ». Ce qui signifie : vous serez vide (sans force, inconsistant) en vieillissant car vous étiez vide dès le départ. Les fondations doivent êtres solides et correctes. Les fondations sont tout en Wing Chun.

Le succès n'est pas accidentel

Faisant méticuleusement attention aux détails, Kenneth Chung encourage doucement ses étudiants à persévérer. Rien mais absolument rien n'est forcé dans son enseignement. Se souvenant du stress émotionnel et physique du début de sa pratique, son enseignement est ferme mais enveloppé dans un gant de velours. Il croit que le degré de succès dans quoique ce soit est toujours proportionnel à la compétence et au dévouement du maître, associé à l'engagement et à la persévérance de l'étudiant. Voilà ce que Chung dit de la relation professeur - étudiant : « Il en va de la responsabilité du professeur de montrer la vérité ».

Tout le monde ne supporte pas les exigences fastidieuses, physiques et mentales du Wing Chun. Ceux qui choisissent de rester et de s'engager totalement dans sa méthode  d'entraînement trouveront cette vérité. Lorsque certains professeurs s'inquiètent de dévoiler trop d'informations «secrètes» aux mauvais étudiants, la problématique pour Chung est que l'étudiant ne soit pas capable d'absorber tout ce qu'il veut lui enseigner. Il n'abandonne jamais un élève dans la difficulté. Au contraire il considère l'étudiant comme un plus grand défi pour sa capacité d’enseignant. Le succès régulier de ses élèves lors de compétitions majeures et de confrontations spontanées contre d'autres styles, ne sont pas des accidents.


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,

Dans cet article vous affirmez à deux reprises des faits importants sans les sourcer:

"Au cours des années, sa méthode d'enseignement, qui a été bien fondé, fut testée d'innombrable fois, et toujours avec succès."

"Le succès régulier de ses élèves lors de compétitions majeures et de confrontations spontanées contre d'autres styles, ne sont pas des accidents."

OU? QUAND? QUI? COMMENT?

Merci par avance pour votre réponse.

Cordialement.

Michel Biays.

mARTial a dit…

Bonjour,

ce texte est une traduction d'un vieil article en anglais. Malheureusement, nous n'avons aucune source sur ces affirmations. Pour respecter fidèle au texte, nous avons garder tout le contenu de l'article. Ce qui nous a paru le plus intéressant dans cet article est sa vision du Wing Chun.

Cordialement
La rédaction